Friday, April 23, 2010

Outside the box / hors de la boîte
















There's something strange going on at the Videotron on Parc Avenue near Fairmount.

It's the people who work there, behind the mustard coloured counter, in their black Videotron Super Club polo shirts with gold nametags pinned to their chests.

They seem happy.

They open the doors for customers with strollers, look up a half-remembered title on the computer without condescension and then sprint out from behind the counter to show you exactly where to find it on the shelf.

They love movies. And, in contrast to the miserable, alienated employees in Clerks, or the music geeks in the record store in High Fidelity, they actually like working with the public.


















"I love it when people ask my opinion," says Vincent Labrecque, 26, a budding director who watches two or three movies a day and can often be heard at the counter, rhapsodizing about a favourite, as customers punch in their rental code.

"The social part of the job is the best, talking to customers, recommending films," agrees Noémie-Anaïs Guichard, 27. She's worked at the store for 6 years and is the assistant manager.

"If she goes away for a few days, everything just falls apart," Vincent says.

Noémie-Anaïs shrugs modestly. The store may soon have to survive without her, as she hopes to get a job on a film shoot this summer. Her long-term goal is to find work as a script supervisor or camera assistant. "This store is a great place to make contacts. A lot of people in the neighbourhood work in movies," she says.


















"The other day, our late list was like a Who's Who," echoes Vincent, who said he had to phone Denis Villeneuve (Polytechnique, 2009); Isabelle Blais (Les Invasions Barbares, 2003); and comedian Pierre Brassard about overdue DVDs.

Not that the movie rental business is all glamour. At the store they have to deal with shoplifters, and customers who want to fight instead of paying late charges. Vincent says he doesn't mind, the director in him likes learning the psychology of people, even if they get madder and madder.

He and Noémie-Anaïs have both had to deal with guys getting naked and whacking off in the adult video section. "We tell them to get out of there and go do that at home," Noémie-Anaïs explains calmly.

And still, they like their jobs.

For fun, and perhaps to expand the cinematic horizons of their clientele, Noémie-Anaïs and Vincent play obscure or forgotten films in the store and wait for customers to ask about them. Then, they make a pitch about why a certain film is worth seeing. "It's a classic of Québec cinema," she tells me while Les Ordres (Michel Brault, 1974) plays on the screens behind her.

Another day, Vincent exclaims, "It's beautiful! You can really see the influences of Truffaut and Goddard, and it's amazing to see Montreal at that time. Just look at the cars and there's Andrée Lachapelle, incredible!" He points to a blonde in a stylish convertible in YUL 871 (Jacques Godbout, 1966).
"Mine rented in 20 minutes!" the former film students will say to each other afterwards, competitive about how quickly they can get customers to fall under the spell of the footage and their spiel, and decide to take the film home.

You'd think cinephiles like this would want to work at a boutique video store like La Boîte Noire.

"The people who go to La Boîte Noire are already sold on what they want to see. I like seeing a wider spectrum of people watching films. I like finding out what people respond to," says Vincent.

He and Noémie-Anaïs take it upon themselves to watch kids' movies so that they know what to recommend to ten-year-olds, or parents. "Part of the job," they say.

They even have a relationship with some of the neighbourhood Hasidim. Really? "They rent kids' movies and comedies," Noémie-Anaïs reveals.

Less surprising than Hasidic Jews renting comedies, are the directors that Vincent and Noémie-Anaïs tell me are the most popular in Mile End: "Wes Anderson, Jim Jarmusch, Gus Van Sant, Almodóvar. " Right. As a typical neighbourhood resident, I've rented films by all of those directors from that store myself.

With all their passion and expertise, Vincent and Noémie-Anaïs will likely move on. They will be missed! But rather than dispensing movies, they'll be making them. They'll move way beyond nametags, and someday, we may find their names in a cinematic Who's Who.




Hors de la boîte
















Il se passe quelque chose de pas ordinaire au club Vidéotron de l’avenue du Parc près de la rue Fairmount.

Ce qui est extraordinaire, ce sont les gens en polos noirs qui travaillent là, derrière le comptoir jaune moutarde.

Ils ont l’air heureux.

Ils ouvrent la porte aux clients encombrés d’une poussette, ils cherchent sans condescendance un titre à moitié oublié et se pressent de vous montrer où exactement le film se trouve dans les rayons.

Ils adorent le cinéma. Et, contrairement aux employés malheureux et aliénés du film Clerks, ou des mordus de musique du long métrage High Fidelity, ils aiment vraiment travailler auprès du public.

« J’adore quand les clients me demandent mon avis », dira Vincent Labrecque, 26 ans, un réalisateur en herbe qui visionne deux ou trois films par jour et qu’on peut entendre au comptoir faire l’éloge d’un film pendant que le client tape son numéro de code.

Le plus agréable dans ce travail, c’est la partie sociale ; parler aux clients, recommander des films… », renchérit Noémie-Anaïs Guichard, 27 ans. Elle travaille au Superclub depuis 6 ans et occupe à présent le poste de directrice adjointe.

















« Si elle s’absente pendant quelques jours, tout s’écroule », nous confie Vincent.

Noémie-Anaïs hausse les épaules avec modestie. Le magasin devra sans doute survivre bientôt sans elle, car elle espère travailler sur un tournage cet été. Son but à long terme est de trouver un boulot comme scripte ou assistante à la caméra. « Cet établissement est un endroit fabuleux pour nouer des contacts. Beaucoup de gens du quartier travaillent dans le cinéma », nous dit-elle.

« L’autre jour, notre liste de retardataires ressemblait à un bottin du cinéma, ajoute Vincent en écho, lui qui a dû téléphoner à Denis Villeneuve (Polytechnique, 2009); Isabelle Blais (Les Invasions barbares, 2003); et le comédien Pierre Brassard pour des films en retard.

Mais l’industrie du DVD locatif n’est pas tout glamour, loin s’en faut. Au magasin, ils doivent aussi s’occuper des voleurs à l’étalage et des clients belliqueux prêts à se battre pour se soustraire à une amende. Vincent dit que ça ne le dérange pas, le réalisateur s’intéresse à la psychologie des gens, quand bien même ils deviendraient agressifs. Lui et Noémie-Anaïs ont tous les deux eu affaire à quelques occasions à des types qui se faisaient une branlette dans la section pour adultes. « Nous leur disons de quitter les lieux et d’aller se branler chez eux. » explique calmement Noémie-Anaïs.

Malgré ces incidents, ils aiment leur travail.

Pour s’amuser et peut-être aussi pour élargir l’horizon cinématique de leur clientèle, Noémie-Anaïs et Vincent font jouer des films oubliés ou méconnus et attendent que les clients se piquent de curiosité. Quand un client vient s’enquérir, ils leur expliquent pourquoi tel ou tel film vaut la peine d’être vu. « C’est un classique du cinéma québécois », leur dit-elle tandis que Les Ordres (Michel Brault, 1974) joue sur l’écran.















Un autre jour, Vincent s’exclame : « C’est magnifique ! On peut vraiment constater l’influence de Truffaut et de Godard. C’est étonnant de voir Montréal à cette époque. Voyez simplement les voitures. Et regardez Andrée Lachapelle. Incroyable ! » Il pointe du doigt la blonde en décapotable dans YUL 871 (Jacques Godbout, 1966).

« Le mien s’est loué en 20 minutes ! », dira l’un ou l’autre de ces ex-étudiants en cinéma qui font des concours pour voir combien de temps ça leur prend avant qu’un client tombe sous le charme et qu’il décide de ramener le film à la maison.

On pourrait penser que des cinéphiles comme eux préféreraient travailler dans une boutique comme la Boîte noire.

« Les gens qui vont à la Boîte noire savent déjà ce qu’ils veulent voir. J’aime voir un plus grand éventail d’amateurs. J’aime découvrir ce qui fait réagir les gens », dit Vincent.

Lui et Noémie-Anaïs visionnent même les films pour enfants afin d’être en mesure de faire des recommandations. « Ça fait partie du travail », disent-ils.

Ils ont même créé des liens avec certains membres de la communauté hassidique. Est-ce possible ? « Ils louent des films pour enfants et des comédies », nous révèle Noémie-Anaïs.

Ce qui surprend moins que des Juifs hassidiques amateurs de comédies, c’est le palmarès des réalisateurs les plus populaires du Mile End : « Wes Anderson, Jim Jarmusch, Gus Van Sant et Almadóvar », ont constaté Vincent et Noémie-Anaïs. Rien pour surprendre, car moi aussi j’ai loué à cet endroit des films réalisés par ces mêmes cinéastes.

Étant donné leur passion et leur expertise, Vincent et Noémie-Anaïs vont probablement se retrouver ailleurs d’ici peu. Ils nous manqueront ! Au lieu de louer des films, ils en réaliseront. On oubliera l’épinglette qui les identifiait. Un jour, c’est plutôt dans un dictionnaire du cinéma qu’on risque de retrouver leurs noms.